Les enfants jouent, l’école à la maison n’a pas vraiment commencé chez nous. Nous testons notre tableau du « Jour 1« . Pour le moment, ça fonctionne. Ils planifient leur journée, nous avons convenu de remplacer « l’école » par une activité d’apprentissage ou artistique de leur choix.
Avantages : ils décident eux-mêmes quand les activités plus contraignantes se passent. Pour l’école, nous avons défini avec eux qu’ils choisiront l’ordre des tâches et les moments destinés à cette activité (comme pour les horaires flexibles, trois heures maximum par jour, il y a des tranches à respecter, chez nous à 15 heures au plus tard, l’école doit être terminée).
Bref , choisir le « quand, éventuellement le comment et le quoi ».
Isolé dans mon bureau, je pense à un message reçu ce matin. Je souris :

Oui, enseignant est un métier. Mais là, ce qu’on demande aux parents va bien au-delà de ça !
Peut-être penserai-je la même chose parfois dans les semaines qui viennent ? Pourtant, je suis enseignant ! C’est un métier parfois difficile, avec ses propres enfants encore plus ! Il y a quatre ans, nous sommes partis en voyage en famille durant sept mois en Asie. Je garde de merveilleux souvenirs de cette expérience, sur le plan de l’école, je suis plus mitigé !
Quels moments agréables mais aussi de tensions n’avons-nous pas vécus ! Et de désillusions ! L’institution a un poids que je sous-estimais et l’importance des copains et des copines aussi ! L’équilibre pour travailler sereinement durant l’école en voyage a souvent été précaire.
Durant cette période, j’ai vraiment pu expérimenter : pour qu’un enfant puisse travailler, avant d’avoir des explications pour comprendre, il doit avoir une part de pouvoir sur ses choix : s’il peut décider même partiellement « quand, éventuellement comment et quoi faire », ce sera plus facile. Des phrases comme « que vas-tu faire ce matin ? » « jusqu’où ? » « dans quel ordre ? » nous aidaient à vivre ces moments au mieux.
Je tape ces lignes, l’un de mes enfants râle, il vide le sac fourni par l’école ce matin qui contient le travail pour les semaines à venir. Plus il sort de fiches et de cahiers, plus il sort de colère, il râle, il hurle, il rugit…
Je me souviens alors de l’image qu’Isabelle Filliozat avait donnée lors d’une conférence. Un enfant ou un adolescent qui a les émotions en ébullition – qui ne les a pas comme ça ces jours ? – a parfois besoin de les sortir. Lorsque ça arrive, d’imaginer que je lui offre un pot à vomi me protège de ma propre colère, je n’entre pas en symétrie. Tous ces mots de colère ne sont finalement que du « vomi » qu’il a besoin de sortir !
Cinq longues minutes ont passé, l’orage s’est dissipé, l’atmosphère se détend, le sac de l’école est rangé. On le ressortira demain ou lundi…
Du calme et un câlin de sa maman…
